Depuis qu’ils ont emménagé via Londinium dans les couloirs du Trip-Hop, leur Univers musical, singulier, aux rythmes envahissants, perturbants, envoûtants, est devenu une source d’évaporation mentale….
Une drogue à diffusion lente.
Ecouter un de leurs albums, c’est plonger dans les profondeurs abyssales de nos cerveaux, à tâtons, dans les recoins refoulés et incommodants…
Archive, c’est un son qui s’écoute fort, souvent seul, pour que la posologie fasse effet, goutte à goutte, laissant un goût doux amer sur le bout de la langue, ravivant les chairs et les flammes de nos Enfers.
Alors en Live, j’aime autant vous dire que c’est une explosion d’ondes illicites…
Encore une fois, je me rends, seule et mécaniquement dans une petite salle de concert à proximité de chez moi.
Ce soir, ce sera Archive, trip-hop et évasions.
Arrivée dans la salle, je suis confrontée à des images, en noir et blanc, étranges à la “The Ring”. Des femmes, des hommes, des lieux intrigants.
Malheureusement, le brouhaha de la salle masque la possibilité de s’immerger dans ces images et ces sons mêlés.
Je ne garde de cette projection que des souvenirs d’images aux touches mystiques, angoissantes, emplies de cette mélancolie viscérale que sait si bien transmettre Archive… Des interrogations.
Et aussi, les formes rondes et psychédéliques, proches des mandalas parfois, étant assez souvent présentes dans l’Histoire du groupe, que ce soit sur scène, dans leurs clips, sur les covers etc…
On remarque une rupture avec ce film “Axiom’ aux images essentiellement réalistes. Un univers flotte, entre magie, tyrannie, désespoir et médiocrité….
On note, bien évidemment, ici et là, des critiques de ce monde télévisé, enclin à la soumission.
L’humain dans tous ses travers.
Enfin, les musiciens prennent place… Et le monde s’évapore. Là est la magie de la musique.
L’absence d’existence propre. L’inconscience de soi-même dans ces moments vécus, vivants, intimidants.
Une ambiance glauque, des mots qui suintent, des lumières tamisées…
On s’y croirait, au fond du gouffre.
On frissonne d’émotions avec Dave Pen, qui définitivement, nous emmène avec lui, dans ses méandres, dans ses ailleurs…
On aime la setlist, et le rappel avec, un de mes morceaux préférés: “Lights.”
Dommage que le morceau ne soit pas fait intégralement, mais la puissance artistique est bel et bien là.
Les lumières tantôt rouges, tantôt d’un bleu profond, mais aussi les images projetées en fond sur trois panneaux, donnent à la scène un aspect encore plus étrange et mystique. On adhère.
On note les performances vocales de Holly Martin, suave à souhait, plus soul parfois, la voix androgyne de Pollard Berrier, qui donne à des titres tels que Dangervisit une profondeur enfantine bouleversante.
Le chant de désespoir de l’enfant qui ne veut pas mourir.
Un concert dynamique, aux univers changeants, mais partout et tout le temps, Archive nous conquiert, nous embarque dans sa douce folie, dans sa mélancolie étouffante, dans sa colère étranglante.
La seule petite critique, c’est le manque d’échange avec le public, qui, du coup, est resté amorphe, d’où la sensation simplement d’assister à un show sans connexions derrière. Un peu dommage !
Mais bon, comme j’ai vraiment pris mon pied, je pardonne.