Foxtrot – Samuel Maoz- Grand Prix du LuxFilmFest

Un film interdit quelque part -ici, en Israël- est souvent un film que j’ai envie de voir. Parfois à raison, parfois à tort.


Par Manon Garrido.

Vu lors du Festival du Film « LuxFilmFest », sorti d’ailleurs grand gagnant de la sélection, ce film m’a laissée un peu perplexe.

C’est d’ailleurs pour cela que la critique sera brève. C’est un film dont on garde en souvenir quelques petites bribes, drôles, acerbes et absurdes, mais cela n’en fait pas, pour moi, un chef d’oeuvre ou un grand gagnant.

Un drame qui sort de l’ordinaire

Une thématique aussi controversée que la participation obligatoire des jeunes israéliens au service militaire aurait pu donner un film mainstream, ennuyeux et vide.  Le film aurait pu surfer sur les clichés ou faire pleurer dans les chaumières. Il n’en est rien!

Au contraire, Foxtrot se dévoile souvent acide et drôle, tordant le cou aux attentes et aux préjugés du spectateur venu voir un drame, tout en gardant, en trame de fond, un côté extrêmement sombre.

La salle a été émue aux larmes mais aussi souvent secouée par des rires et c’est là que réside, pour moi, la magie du film. Dans sa manière de traiter certaines thématiques douloureuses, violentes, par le biais de l’absurde et de l’humour.

Des émotions bien présentes.

Le tour de force du réalisateur se fait ressentir dans le chaud-froid des émotions données à vivre face à l’écran. Tantôt, la salle frissonne, tantôt, la salle s’émeut puis rit…. Tout passe, tout s’enchaîne. La magie opère…

L’intégralité du scénario est basée sur une histoire rocambolesque, absurde et drôle. Le film se dessine comme une boucle: le début, la fin: le tout mijoté version burlesque. Et pourtant! Viennent se greffer fréquemment des émotions extrêmement fortes et paradoxales: la tristesse, la détresse, le sentiment d’injustice en opposition au rire, à la complicité, à la légèreté et l’insouciance de la jeunesse, isolée dans des conteneurs pourrissants…

Les paradoxes sont saisissants entre les seules préoccupations de ces jeunes à savoir si leur conteneur penche un peu plus chaque jour, et les parents endeuillés à tort, rongés par le regret…

 Un film qui fonctionne bien.

Quelques scènes, violentes, sont traitées finalement sans drame, sans pathos mais avec l’innocence de la jeunesse. Là encore, c’est un choix qui s’avère payant: démunis, les spectateurs comprennent toute l’injustice vécue par les jeunes soldats israéliens, persuadés que leur vie est en danger à chaque rarissime passage de voiture à leur checkpoint.

Ainsi, tout en peignant discrètement Israël et sa politique militaire d’une couleur sombre, le réalisateur fait passer des messages mais surtout des questions.

Ainsi, assurément politique et à contre-courant, sa censure en Israël est tout à fait compréhensible.

Des acteurs talentueux.

Enfin, et cela constitue un atout majeur du film, le réalisateur fait une belle part à l’esthétique dans la réalisation. Les paysages, les contrastes à la fois sonores et visuels dans les plans donnent corps et force au film. Tout cela, soutenu par l’aspect remarquable des acteurs, notamment par la prestation de Lior Ashkenazi (le père endeuillé ndlr.)

Ainsi, je vous conseille d’aller le voir, c’est un film à part qui ne vous laissera pas indifférent.


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