Film vu en clôture du Festival de Cannes, l’émotion fût intense: Terry Gilliam en larmes, public en standing ovation.
Critique d’un film polémique et, pourrait-on l’oser: maudit.
Par Manon Garrido.
Des histoires hors du commun.
D’abord, c’est l’histoire d’un film sans fin, d’un film enterré, déterré, d’un film maudit. Jusqu’à l’AVC de Terry Gilliam, quelques jours avant sa présentation sur Cannes.
En l’espace de dix sept ans, de nombreux projets ont été envisagés, puis abandonnées par divers producteurs et acteurs ….
Jusqu’à l’année 2017 où enfin, les fonds sont bien trouvés, les acteurs présents et le film part pour Cannes….
Ensuite, c’est l’histoire d’un film sublime. Drôle, absurde, complètement décalé, qui m’a énormément surprise ainsi que la majorité du public.
Bande-annonce:
Que dire de ce film ?
Vu en clôture lors du Festival de Cannes, l’émotion était bien évidememnt démultipliée…. Toute l’équipe étant présente dans la salle, Terry Gilliam en tête, cela a décuplé l’effet de ce fameux Don Quichotte, qui n’est reste pas moins un film à voir absolument.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’ambiance du film, oscillant entre l’absurde, le grotesque et le surréalisme piqué parfois de drame. Des univers qui me parlent et dont le subtil mélange m’a beaucoup plu.
C’est un film justement dosé entre moments extrêmement drôles, situations absurdes et pathétiques, portées à merveille par les deux acteurs principaux Adam Driver et Jonathan Pryce.
Petit bémol pour ma part dans ce film (comme dans beaucoup d’autres vus au Festival mais ce sera pour moi l’occasion d’écrire un prochain article sur la question) les femmes ne sont pas vraiment mises en valeur….
***Petit spoiler***
En effet, les deux rôles féminins importants sont – à mon sens-relativement dégradants pour l’image de la femme (c’est ma minute féministe attention!).
Le premier personnage, incarné par Joana Ribeiro, est l’ancienne serveuse du village espagnol qui, après que le publicitaire postpubère soit venu tourner un court-métrage, a rêvé aux étoiles et voulu devenir une star…. Sauf que ! Pour s’y prendre, elle n’a pas fait appel à son talent d’actrice ou compter sur sa ténacité… Bien sûr que non. Au contraire, elle est partie à la ville et y est devenue…prostituée.
Le message me semble assez peu agréable: une femme doit coucher pour réussir, et en plus, elle a l’air d’aimer ça. Elle a la vie facile et a beaucoup d’argent donc, tout va bien…
D’ailleurs, je ne m’étalerai pas sur la scène du léchage de chaussures qui m’a laissée…. PERPLEXE et légèrement révoltée.
Le deuxième personnage, campé par la magnifique Olga Kurylenko, n’est rien d’autre que le cliché de « la femme du boss ». Infidèle, manipulatrice, dominatrice et nymphomane, elle n’incarne pas, là non plus, le meilleur de la femme…
Coup de coeur
Tous les acteurs sont définitivement bons, les décors et le scénario, mêlés au roman de Cervantès, nous saisissent immédiatement. Une histoire fantasque racontée par Terry Gilliam qui a grandement réussi son pari: son film est hors du commun.
Et je crois que cela est dû, en grande partie, à la sublime prestation de Jonathan Pryce qui se révèle à la fois touchant, bouleversant, résolument cinglé et magnifiquement perdu… Bluffant !